Le vogue n’est pas seulement un style de danse comme le new style LA ou le hip hop girly. C’est avant tout un mouvement culturel et artistique basé sur la mode et la danse, né il y a plus d’un demi-siècle dans le milieu latino et afro américain. Pour les initiés c’est une philosophie, presque une religion, bien que pratiqué en underground dans le monde de la nuit LGBT.
C’est un monde où certains rejetés de la société sont acclamés, les anonymes deviennent des célébrités, et tout le monde est à la recherche de son moment de gloire et de reconnaissance ; il y a même une forme de hiérarchie. Le vogue c’est un peu le monde vu avec des yeux plus « sucrés. »
Les groupes s’articulent autour de familles appelés « Houses » où tous les membres se spécialisent dans diverses catégories. Derrière ces camaraderies futiles se cachent de lourdes histoires. Les Houses sont pour certains le moyen de se recréer la famille qu’ils ont perdus (dans le cas de certains jeunes gays qui se retrouvent sans rien à la rue et reniés par leur famille, soit à cause d’un coming out ou parfois à cause de la découverte d’une contamination par le VIH). Pour d’autres c’est le moyen de se créer celle qu’ils n’ont pas eu la chance d’avoir (dans le cas des orphelins, ou des enfants en échec scolaire livrés à la drogue et/ou à la prostitution). Ça ne vous rappelle rien, ces destins, à vous les lecteurs fidèles de Sugar stories ?
C’est pour fuir ce côté tragique qu’à la tombée de la nuit les Houses déploient leur panel de couleurs chatoyantes et leurs habits de lumière pour s’affronter au sein de l’arène qu’on appelle ballroom. Les couturiers ont été mis à contribution pour la création de toilettes plus glamour les unes que les autres. Il n’y a là aucune place pour le vulgaire ! No shade! Alors ne vous offusquez pas si vous entendez parler de « pussy cunt » ou si une inconnue vous appelle affectueusement « Bitch. » En effet tout ici est un hommage à la féminité et c’est d’ailleurs pour cela que dans le vogue fem les attitudes et autres gestuelles féminines sont à ce point exagérées ; ici, c’est le paradis des « précieuses. »